Vous avez dit : Confinement ?

20 mars 2020 | Non classé

  Nous, qui sommes nés pour être en humanité avec l’autre, nous voici contraints de rester chez nous. De stopper net toutes nos activités du quotidien : se rendre au travail, sortir, se réunir, partager, rencontrer, accueillir … ou, au contraire, de renforcer notre activité professionnelle : je pense aujourd’hui plus spécialement à tout le […]

 

Nous, qui sommes nés pour être en humanité avec l’autre, nous voici contraints de rester chez nous.

De stopper net toutes nos activités du quotidien : se rendre au travail, sortir, se réunir, partager, rencontrer, accueillir … ou, au contraire, de renforcer notre activité professionnelle : je pense aujourd’hui plus spécialement à tout le personnel soignant, à tous ceux qui mettent en place et font vivre les chaines de ravitaillement, à tous ces professionnels qui parent au plus urgent.

Le rythme est perturbé pour tous.

Pour d’autres, ce confinement ne change malheureusement rien à leurs conditions de vie car ils sont déjà habitués à l’isolement, à la solitude, au rejet, à l’exclusion. Je pense aux SDF qui n’ont plus accès aux structures d’accueil et à ces personnes âgées croisées hier qui se plaignaient de leurs derniers contacts extérieurs dont on les privait.

Nous avons besoin d’être en lien.

En témoignent, dès le début du confinement, toutes ces vidéos partagées sur nos différents groupes sur les réseaux sociaux. Elles traduisent notre besoin de rire de cette situation inédite pour nous rassurer et nous soutenir dans cette épreuve collective. Nous avons besoin de stimuler nos relations par la rencontre, certes virtuelle, pour rompre notre anxiété, notre angoisse.

Car imprévus et changements mettent en insécurité.

Parce que vivre confinés n’est pas naturel.
Parce que vivre confinés signifie se recentrer sur soi, sur son monde intérieur.
Parce que vivre confinés signifie vivre la relation autrement.
Parce que vivre confinés signifie soit la proximité choisie, soit la promiscuité subie.
Et qui dit confinement dit nécessité absolue de respect et de limites pour que la vie commune ne se transforme pas en enfer. Car le confinement peut vite devenir un « ENFER mement » comme dirait Thomas d’Ansembourg (1).

Nous avons besoin de nous délimiter afin que personne ne soit blessé et que le contact soit de la meilleure qualité possible.

Depuis lundi, j’entends différentes émotions et ressentis au fil de mes entretiens « en ligne » (à mesures exceptionnelles, méthodes exceptionnelles).

– Comment vivre avec l’autre, avec les autres que nous accueillons chez nous pour ce temps de confinement (la belle-mère, la fille de mon conjoint avec qui je ne m’entends pas forcément bien, j’ai peur de sa présence envahissante, …)

– C’est stressant de se retrouver face à mon conjoint 24h/24h alors que nous évoquons depuis quelques semaines la séparation.

– Comment vivre mes relations extra conjugales dans ce contexte, vais-je en profiter pour faire le tri ?

– Je me sens en colère car j’ai l’impression d’être infantilisé par mon manager, impression d’être contrôlé, besoin que l’on me fasse confiance face à la charge de travail confiée dans cette nouvelle organisation de Home Office. Les collègues manquent aussi, faire équipe à distance n’est pas évident. C’est triste.

– Je suis en joie car ce confinement me donne libre cours à de nouvelles envies : retour aux sources, retour à la terre, à la nature qui m’est si vitale et que j’oublie si souvent et facilement.

On voit combien ce confinement mène à des questionnements, à du « bon », à des retournements de situations mais aussi peut mener à du tragique.

Je pense ainsi à toutes les relations violentes, non respectueuses, à tous ces conjoints, à tous ces enfants soumis 24h/24h à un climat insécurisant. J’ai peur pour eux car je sens le danger grandissant.

D’ailleurs le ministère des Solidarités et de la Santé a publié une circulaire dans ce sens pour nous inviter à être encore plus solidaires et protecteurs à l’égard des plus vulnérables. N’hésitons pas à composer le 119 face à une suspicion de violence sur mineur.

Nous sommes dans le temps de l’affrontement face à ce virus.

Profitons de cette période pour retrouver des nouveaux modes de communications, pour faire le tri, non seulement dans nos lieux de vie mais aussi dans nos vies intérieures.

Profitons de ce temps pour sortir de notre individualisme et réfléchir à notre sens des responsabilités, à prendre soin des uns des autres en respectant les mesures de sécurité mises en place.

Profitons de ce temps pour nous réinventer un quotidien plus centré sur l’essentiel, sur soi et sur l’autre. Changer de regard, amener la bienveillance là où elle avait laissé la place à l’urgence. Plus rien n’est urgent. Nous avons le temps.

 

Les mots de Boris Cyrulnik, dans l’émission « La Grande Librairie »  du 18 mars 2020 m’ont profondément touchée et je vous les transmets en conclusion :

« Que ce confinement obligatoire pour mettre à MORT ce virus COVID-19 soit l’occasion de SE REMETTRE A VIVRE ».

Je vous souhaite le meilleur confinement possible !

Bénédicte de SOULTRAIT

 

(1) Thomas d’Ansembourg, « Etre heureux, ce n’est pas nécessairement confortable », Editions de l’Homme.

Par

Bénédicte de Soultrait

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