La vie nous amène à vivre des événements qui nous éprouvent, nous questionnent, nous font réfléchir sur son sens profond. Ces épreuves s’imposent à nous. Nul ne les choisit.
Nous les traversons avec douleur, en souffrant, en doutant, ce sont des mauvais jours, des mauvaises heures à passer dont on se passerait bien.
Mais ces heures nous apprennent aussi curieusement à vivre, à remettre de l’essentiel au milieu de nos urgences. Ces heures peuvent être vécues, par certains, dans le retrait, le silence ou la solitude, d’autres, au contraire, en profiteront pour prendre des décisions radicales, d’autres encore auront besoin d’être entourés ou de survivre au milieu d’activités multiples. Chacun se débrouille à sa manière.
Quand on parle de deuil, on pense tout d’abord à la perte d’un être cher, mais il existe aussi bon nombre de deuils qui font lien avec le manque, avec l’absence, avec la séparation :
le deuil du soi idéal, s’accepter tel que l’on est, le deuil de la compagne ou du compagnon idéal, accepter l’autre tel qu’il est, avec ses forces mais aussi avec ses fragilités, le deuil de l’enfant idéal, le deuil d’une relation, le deuil d’un lieu cher à son cœur, le deuil de sa jeunesse, le deuil de son corps et de son autonomie avec la survenue d’une maladie ou d’un handicap, le deuil d’une de ses certitudes, …
Le deuil est ce processus psychique par lequel on parvient progressivement à se détacher d’un être cher, d’un lieu, d’une situation, d’un rêve ou d’un état inaccessible.
« Faire son deuil », c’est renoncer, c’est se résigner à être privé de ce qui nous manque. Faire son deuil, c’est apprendre à rester vivant en composant avec des choses qui nous manquent.
Dans le mot « Faire », il y a aussi la notion de travail, d’élaboration, de construction. C’est une traversée, un chemin, une montagne à gravir, il faut du temps. Un deuil n’est jamais tranquille, on traverse le feu, on vit l’inconfort.
Dans notre société où tout se vit à 100 à l’heure, il est souvent difficile d’accepter ce temps et pourtant, le deuil nous conforte à la nécessité de prendre du temps.
Sans ce temps, le deuil ne peut se faire…
Selon les personnes ce temps prendra plusieurs semaines, plusieurs mois et parfois plusieurs années.
Cette traversée se fait en plusieurs étapes de manière chronologique:
on vit tout d’abord le choc de l’annonce, le choc de la réalité, face à cela on rentre dans une période de protestation, de refus ou de déni. Ensuite viendra la période de dépression pour entrer enfin dans celle de l’acceptation.
On peut facilement revenir en arrière, entrer dans une phase ne veut pas dire que l’on ne peut pas retomber. On peut aussi rester très longtemps bloquer dans l’une d’elle. Personne n’arrive à l’état d’acceptation sans être passé par les trois autres étapes auparavant.
Ces quatre étapes sont nécessaires pour s’habituer à la présence de l’absence, s’habituer au manque pour inventer, recréer un autre monde dans lequel on se fera une place que l’on espère la plus confortable possible pour continuer à vivre.
Le deuil peut paraître insurmontable mais on peut vivre avec.
J’aime cette phrase dans le livre de Michel Rostain « Le fils » quand un de ses amis lui téléphone les jours qui suivent le décès de son fils adulte :
« Je ne sais pas si un jour pareil, tu peux entendre ce que je voudrais te dire, mais j’ai vécu cette horreur il y a quelques années, ce désespoir absolu et je veux te dire qu’on peut vivre avec ça.
Je ne sais pas comment, à chacun de trouver comment cela lui est possible. A chacun aussi d’aider les autres à trouver cette énergie de survie ».
Le Conseil Conjugal et Familial peut être une aide pour retrouver cette énergie de survie. Il offre un espace de paroles pour évoquer ces différents deuils.
Il est capital de laisser libre cours aux émotions traversées pendant cette période de deuil pour pallier à des dysfonctionnements ultérieurs. Si l’on n’y prend pas garde, d’autres maux surviendront : malaises, maladies, insomnies, …
« Si nous avions pu exprimer toutes nos émotions, notre corps n’aurait pas besoin de les exprimer autrement. »
Le cabinet RelatiO peut vous offrir ce lieu où tous ces deuils peuvent être nommés, évoqués, écoutés, pleurés, criés, hurlés, chuchotés. Sans aucune culpabilité ou honte, il n’y a de petit ou de grand deuil, aucune comparaison n’est possible. Tout manque, toute perte est légitime, acceptable, et se doit d’être accueilli, écouté.
Pour traverser ces pertes, ces manques, ces absences, il est important de parler, de pleurer, de solliciter, de prier, de protester, de se plaindre, de pardonner et de partager. Tout cela permet de soulager la tension et de libérer une autre énergie qui sera plus vivante.
Alors posez-vous ces questions :
Ai-je des deuils à faire pour avancer ?
Serai-je en deuil de quelque chose ?
Quels sont les deuils que j’ai à faire ou sur lesquels je reste bloqué ?
Quels modèles de deuils ai-je eu ?
Ai-je le droit de pleurer ou pas ? De ne plus avoir faim ? De régresser ? Etc.
Toutes ces questions, tout ce cheminement sont nécessaires pour se remettre dans un contexte de vie et non plus de mort. Ne restez pas seuls…
Et comme le dit si justement l’écrivaine Christiane Singer :
« Faites en sorte de choisir de vivre une vie vivante jusque dans la mort et non pas une vie morte »
Bénédicte de Soultrait